Etape 8 - Tikal, la reine des cités mayas
Jeudi 26 janvier. Six heures du matin. C'est l'heure à laquelle je me pointe devant l'entrée de mon hôtel avec un bon petit casse-croûte, une bouteille d'eau (indispensable) et mon Nikon prêt à mitrailler les temples de la cité maya de Tikal***. La plus grande cité de tout l'empire Maya. La cité maya. Ok, j'arrête là. Tout ça pour dire que je grimpe dans le minibus et qu'on file à travers les routes pourries du Petén pour accéder jusqu'au site. 45 minutes plus tard, nous voici tous à l'entrée du site. La veille, j'avais encore hésité à faire la visite dès potron minet... Bonne pioche. J'ai bien fait d'attendre les premiers rayons du soleil pour me lever. Avec la brume épaisse qui recouvre la jungle, impossible de rien voir. Sur le chemin principal, un ceiba gigantesque***, plus de quarante mètres de haut au bas mot, disperse sa cime et ses branches dans un épais brouillard. Quel monstre ! Le kapokier est l'arbre national du Guatémala, et on comprend pourquoi. Du temps des Mayas, il était l'arbre sacré par excellence. Quelle majesté !
Arrivé au bout de l'allée principal, le chemin se sépare en trois sections... Plouf, plouf ! Allez, en bon Français que je suis dans lequel sommeille un petit Indiana Jones, j'opte pour celui de gauche. Et me voilà parti pour 45 minutes de marche à travers la jungle ! Inoubliable. Seul au monde marchant au-dessous de la canopée prise par les brumes et sous le couvert des cris des singes hurleurs. Je kiffe à mort ! Au bout du chemin, se dresse bientôt un tumulus. La pyramide (il faut la deviner dans sa gangue de terre et d'humus) supportant le templo VI*.
Ô miracle ! Un rayon de soleil transperce la canopée et distille sa lumière à travers la jungle tropicale. Moment de grâce. Bon certes, le templo VI** ne casse pas trois pattes à un canard, et je manque même dévaler la pente en escaladant le tumulus, mais l'absence de touristes, cette proximité avec ce lieu de culte, son isolement et cette gangue de forêt qui l'entoure (l'emprisonne ?) en font un lieu mystique. Quelques rangées d'écritures inscrites sur sa façade (pas très visibles) justifient le terme de temple des inscriptions. Mais rien à voir avec le temple du même nom qui se dresse à Palenque. Au pied du temple, des stèles rappellent par qui et pour qui cette pyramide a été élevée.

Le soleil se lève enfin. Vraiment je ne suis pas mécontent d'avoir laissé passer l'aube pour découvrir le site. Sans soleil et avec cette brume épaisse, difficile de bien voir. Et de photographier, n'en parlons pas. Trois cents mètres plus loin, me voici devant l'entrée d'un des plus étrnges palais mayas que j'ai jamais vu. Et pour cause, les façades de cette structures arborent d'étranges cannelures, telles des rangées parfaites de callenonis ! D'où son nom, le Palais des Cannelures***.

Pour y accéder, il faut d'abord sortir du chemin qui ramène à Gran Plaza, puis passer par un minuscule tunnel aménagé dans la pierre qui débouche sur la cour centrale du palais. Quel dommage que le soleil soit si bas encore, et face aux cannelures. Tant pis pour les photos, mais je me régale de voir un tel aménagement. De longues stries verticales et répétées surgissent des façades. Par quel mystère ? Nul ne le sait. D'autant que le palais date de la période classique tardive, si agitée par la rivalité des diverses cités de l'empire. Dans le patio intérieur, de nombreuses pièces sont aménagées. Des ouvriers sont à l'oeuvre dans la première. Un travail sans cesse renouvelé... Le palais a déjà été restauré dans les années 70. En face, une amorce de temple dont cinq rangs de marche ont été reconstitués.

Allez zou, je continue ma route. En chemin vers Gran Plaza, je reste encore émerveillé par la jungle qui m'entoure. Tikal est bien un lieu hors du temps. Magique.


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